Se rapproche-t-on des autres quand on rit ?

Rire signifie, en vertu d’une première définition générale, manifester un sentiment de gaieté par un mouvement des lèvres, de la bouche, accompagné de rapides sons égrenés : c'est ainsi qu’on peut dire voir ou entendre quelqu’un rire. Le corps de l’homme- ce mouvement évoqué du visage- manifeste de cette manière des sentiments, la gaieté ou la joie. L’acte de pleurer constitue aussi une incarnation de sentiments, tristes cette fois ; mais on conçoit plus facilement qu’on puisse se rapprocher des autres lorsque l’on rit que lorsque l’on pleure. Se rapprocher des autres, cela a pour signification de partager avec les autres êtres humains que je rencontre des sensations, sentiments ou idées.
Se rapproche-t-on des autres quand on rit, rire entendu comme la manifestation physiologique d’un sentiment de gaieté permet-elle à l’homme de partager avec ceux qui l’entourent des sensations, sentiments ou idées ? Le problème qui se pose ici est celui de savoir si le rire, qui est une manifestation de ma propre gaieté, peut permettre de dépasser les limites de ma subjectivité pour peut-être mieux connaître les autres hommes. Qu’est-ce qui, dans le rire, pourrait rendre possible un tel mouvement du sujet vers les autres sujets ?

Aristote se demande qu'est-ce que dépasser sa subjectivité. Que signifie l'acte, le mouvement d'aller vers l'autre, de chercher à comprendre qui il est ? Le rire permet un tel mouvement de dépassement ? Le rire est-il le fondement de l'amitié, amitié qui incarne ce dépassement ?   Texte d'Aristote Apprendre à se connaître est très difficile [...] et un très grand plaisir en même temps (quel plaisir de se connaître !) ; mais nous ne pouvons pas nous contempler nous-mêmes à partir de nous-mêmes : ce qui le prouve, ce sont les reproches que nous adressons à d'autres, sans nous rendre compte que nous commettons les mêmes erreurs, aveuglés que nous sommes, pour beaucoup d'entre nous, par l'indulgence et la passion qui nous empêchent de juger correctement. Par conséquent, à la façon dont nous regardons dans un miroir quand nous voulons voir notre visage, quand nous voulons apprendre à nous connaître, c'est en tournant nos regards vers notre ami que nous pourrions nous découvrir, puisqu'un ami est un autre soi-même. Concluons : la connaissance de soi est un plaisir qui n'est pas possible sans la présence de quelqu'un d'autre qui soit notre ami ; l'homme qui se suffit à soi-même aurait donc besoin d'amitié pour apprendre à se connaître soi-même. 
 
Le rire permet de sentir avec les autres (étymologie du terme « sympathie »), il permet à l'homme de se rapprocher des autres, amis ce n'est pas lui qui fonde la société et l'amitié : Aristote nous a montré que seule la raison amenait à se rapprocher des autres, seule elle était partagée. Rire permet de se rapprocher superficiellement des autres, et non de vraiment comprendre qui ils sont textes, passant du propos philosophique le plus rigoureux à l'envolée polémique, l'analyse critique virulente, l'aphorisme et la poésie.
De même on connaît le destin de l'homme qui, à quarante-cinq ans, a définitivement plongé dans les ténèbres de la folie. Il n'empêche : le travail nietzschéen reste l'un de ceux qui, en dépit d'interprétations parfois réductrices et contestables, ont le plus influencé la réflexion moderne et contribué à modeler notre vision du monde.



11/04/2009
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