Le yin et le yang

Le yin et le yang

Dans pensée taoïste, le yin et le yang sont deux principes opposés et indissociables, présentés tête-bèche au sens d'une sphère.  Le yin peut-être associé à la passivité et le yang à l'activité et à l'énergie, mais leurs rapports sont toutefois substils : ils sont à la fois en opposition, interdépendants, en croissance ou en décroissance alternée(quand l'un diminue, l'autre augmente). 

La philosophie chinoise (du moins dans toute la partie connue de son histoire (151) est dominée par les notions de Yin et de Yáng. Tous les interprètes le reconnaissent. Tous aussi considèrent ces emblèmes avec la nuance de respect qui s’attache aux termes philosophiques et qui impose de voir en eux l’expression d’une pensée savante. Enclins à interpréter le Yin et le Yang en leur prêtant la valeur stricte qui semble convenir aux créations doctrinales, ils s’empressent de qualifier ces symboles chinois en empruntant des termes au langage défini des philosophes d’Occident. Aussi déclarent-ils tout uniment tantôt que le Yin et le Yang sont des forces, tantôt que ce sont des substances. Ceux qui les traitent de forces — telle est, en général, l’opinion des critiques chinois contemporains – y trouvent l’avantage de rapprocher ces antiques emblèmes des symboles dont use la physique moderne (152). Les autres — ce sont des Occidentaux — entendent réagir contre cette interprétation anachronique (153). Ils affirment donc (tout à l’opposé) que le Yin et le Yang sont des substances, – sans songer à se demander si, dans la philosophie de la Chine ancienne, s’offre la moindre apparence d’une distinction entre substances et forces. Tirant argument de leur définition, ils prêtent à la pensée chinoise une tendance vers un dualisme substantialiste et se préparent à découvrir dans le Tao la conception d’une réalité suprême analogue à un principe divin (154) [...] ». Marcel Granet, La pensée chinoise, 1934, réédition, p. 101, Albin Michel, 569 pages, Paris, 1968.

  • « […] Le Yi-King ou Livre des transformations de l'archaïque magie chinoise apporte l'image la plus exemplaire de l'identité du Génésique et du Génétique. La boucle circulaire est un cercle cosmogonique symboliquement tourbillonnaire par le S intérieur qui à la fois sépare et unit le Yin et le Yang. La figure se forme non à partir du centre mais la périphérie et naît de la rencontre de mouvements de directions opposés. Le Yin et le yang sont intimement épousés l'un dans l'autre, mais distincts, ils sont à la fois complémentaires, concurrents, antagonistes. La figure primordiale du Yi-King est donc une figure d'ordre, d'harmonie, mais portant en elle l'idée tourbillonnaire et le principe d'antagonisme. C'est une figure de complexité ». Edgar Morin, La Méthode 1. La Nature de la Nature, p. 228, Seuil, Paris, 1977.
  • « […] Change is the result of combinations and separations of the four indestructible elements, like a painter mixing colors, said Empedocles; it is governed by two cosmic principles, Love (attraction or Aphrodite), the original source of organic unity and creative combination, and Strife (repulsion or Quarrel), the principle of diversity and differienciation. The life cycle of the cosmos thus oscillates in cycles between unity and diversity (Kahn, 1968). (In the Chinese tradition the cosmic principles are Yin and Yang, and the elements are five: earth, fire, water, wood, and metal. Aristotle reserved the fifth and unchanging element, the 'quintessence' or 'ether', whose 'nature' is to move in circles, for the heavenly bodies, which he held to be perfect and imperishable) ». Anthony Wilden, The Rules are no Game. The Strategy of Communication, p. 153, Routledge & Kegan Paul, 432 pages, London and New York, 1986.

Symbole (représentation des représentations) philosophique du « contraste harmonisé », il est devenu un thème populaire et facile à déraper en « ésotérisme » à bon marché.

Ce « contraste harmonisé » du Yin-Yang est celui du chaud-froid, haut-bas, lumière-ombre, blanc-noir, femelle-mâle, des complémentarités antagonistes enchevêtrées avec les antagonismes complémentaires entrelacés. En optique physique, c'est le jeu de l'onde et du corpuscule en alternance et altercation réunies par la constante de Louis de Broglie. En chimie, c'est l'acidité et l'alcalinité réunies, séparées et contrastées au pH 7. En philosophie, c'est le verbe Aufheben de Hegel qui signifie, à la fois, « apparaître », « disparaître » et « conserver » (dans la composante alémanique souabe), verbe utilisé par Freud pour décrire l'inconscient.

Ce « contraste harmonisé » est rapidement détourné en opposition dans le « tiers exclu » de corps-esprit, nature-culture. Avec les valeurs confucéennes, il est le fondement de l'idéologie d'une harmonie industrielle au Japon moderne avec le miracle japonais des années 1950-1960 dans l'économie politique asiatique de la complémentarité antagoniste enchâssée dans l'antagonisme complémentaire du Capital-Travail, Patronat-Syndicat.

  • « […] Le sentiment de l’ordre harmonieux que les joutes _126 procuraient à l’ensemble des êtres a conféré à la classification bipartite un tel prestige religieux que nulle autre n’a pu la surpasser en autorité. Les Chinois ne se sont point condamnés à ne trouver de l’ordre que là où régnait la bipartition ; mais le principe de leurs divers classements n’a pas varié. Tous impliquent l’analyse d’un total senti comme plus ou moins complexe et, toujours, cette analyse procède d’une image : celle-ci, tout ensemble rythmique et géométrique, fait apparaître la répartition, dans l’Espace et le Temps, des éléments entre lesquels le total se trouve décomposé, si bien qu’un emblème numérique suit à signaler le mode de groupement de ces éléments et, par suite, à déceler la nature intime du total. D’où l’importance des notions liées de Nombre et d’Élément », Marcel Granet, pp. 125-126, 1968.

Bonne méditation à tout le monde.

Jean-Philippe

miconijeanphilippe@yahoo.fr

 



17/03/2009
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